LE BADESTAMIER

Le badestamier ou bas-d'estamier était le bonnetier-fabricant de bas tricotés d'estame (ou estaim), nom donné à un fil très retors de laine peignée à chaud et filée à la quenouille. Ce genre de bas, qui avait remplacé les chausses pour les hommes, coûtait assez cher et était porté par les classes aisées; la classe riche portait des bas de soie fabriqués, ainsi que les bonnets, par la même communauté d'artisans(...)

Les badestamiers étaient particulièrement nombreux en Picardie (Aisne et Somme) et en Haute-Normandie (Eure et Seine-Maritime), en ville et à la campagne: plusieurs milliers d'entre eux travaillaient à domicile pour de petites entreprises(...)

Ce fut vers le XVème siècle que l'art du tricot fut inventé. Les premiers bas fabriqués de cette manière furent dit-on portés par Henri II aux noces de sa sœur avec le Duc de Savoie.

On ignore le nom de l'inventeur du premier métier à fabriquer les bas; la France et l'Angleterre se disputent l'honneur de lui avoir donné le jour. Quoi qu'il en soit, cette industrie se développa d'abord en Angleterre, et ce fut de ce pays qu'un Français, nommé Jean Hindes, importa dans sa patrie en 1656, le premier métier à bas, lequel servit de modèle à ceux que dès lors on construisit en France(...)

Au XIXème siècle, la profession révolutionnée par l'introduction des métiers mécaniques, prit progressivement le nom de bonnetier. Les bas au métier, à la différence des bas tricotés, avaient besoin d'être cousus par derrière. Le badestamier utilisait dès 1857 des métiers circulaires permettant de fabriquer des bas sans couture.

(" Encyclopédie universelle de Dupiney de Vorepierre" 1857, Paris)

Pierre CHEVRIER - "Revue Française de Généalogie n°109 et 123"
Henri DROPSY - revue "Gé-Magazine n° 166"

 

Les bonnetiers du faubourg Saint-Marcel se qualifiaient officiellement de bonnetiers-apprêteurs-foulonniers-appareilleurs. Constitués en corporation par le bailli du faubourg Saint-Marcel, ils avaient reçu de lui, leurs statuts, le 16 août 1627.

D'abord installés dans la rue de Lourcine, ils ne tardèrent pas à s'étendre jusqu'aux environs de Sainte-Geneviève. C'était un petit monde d'ouvriers très habile et toujours en guerre avec les écoliers. On les appelait aussi bonnetiers au tricot, ouvriers en bas, badestamiers, faiseurs de bas d'estame, etc…, et tous leurs produits, bonnets ou bas, étaient fort estimés. La réputation de ces derniers dits bas du faubourg Saint-Marceau, se maintint même pendant près de deux siècles.

La communauté excellait dans la confection des bas drapés, et c'est à elle qu'on attribue l'honneur d'avoir créé une mode qui dure encore, celle des bonnets carrés.

Extrait du dictionnaire historique des ARTS, MÉTIERS, et professions de Paris par Alfred FRANKLIN, éditions Jeanne LAFFITTE

 

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